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C’est lors de la conférence LIBER 2018 qui s’est tenue à Lille le 4 juillet dernier que notre ministre de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, a annoncé son plan national pour la Science Ouverte.

La transcription officielle du discours est disponible sur le site du ministère

Faire le choix de la science ouverte, c’est autoriser notre production scientifique à trouver son lectorat, le lectorat large et universel qu’elle mérite. C’est ainsi que des dizaines d’études montrent une augmentation très significative à la fois des usages de lecture mais aussi des usages de citations pour les articles et les livres en accès ouvert. Et grâce à cette façon de publier, le potentiel d’interdisciplinarité est profondément renforcé. En effet, les frontières disciplinaires sont plus imperméables dans le monde des abonnements. Avec la science ouverte, la sérendipité permise par l’absence de frontière documentaire ouvre de nouvelles perspectives.

 

Qu’est ce que le « FP7 post-grant OA publishing funds pilot » ?

Il s’agit d’une initiative de la Commission européenne qui vise à financer les coûts de publication en libre accès après la fin d’un projet de recherche. Les projets elligibles sont ceux du 7ème PCRD et Marie Curie qui se sont terminés il y a moins de 2 ans. Ce projet pilote permet de financer jusqu’à 3 publications (peer-reviewed) dans une revue en open access, par projet de recherche, dans une limite de 2000 € par article et 6000 € pour une monographie. La publication devra être déposée dans OpenAire ou dans ProdInra.
Attention, un article dans une revue dite hybride (dont le modèle économique est l’abonnement et qui met en open access seulement les articles libérés par un paiement en amont) n’est pas elligible. Les frais de couleur et de pages supplémentaires ne sont pas pris en compte.

Pour en savoir plus, consultez le Policy Guidelines et le site du FP7 post-grant OA publishing funds pilot

Une bonne réponse à un vrai besoin

Les chercheurs le réclamaient. Les résultats obtenus sur financement arrivent souvent dans la dernière année du projet. Or les délais de rédaction des articles / soumission et de peer-reviewing amenaient souvent le paiement des APCs au delà de la fin du projet.

A ce jour, 715 demandes de financement ont été faites pour un total de 460 818 €

nombre de demandes

Est ce que ce mécanisme est utilisé en France ?

Les chercheurs français commencent à utiliser ce levier pour publier en Open Access. Cela n’a pas été le cas au début puisqu’au 2nd progress report, aucune demande d’organisme ou d’université française n’était enregistrée. Le 5ème progress report montre qu’en avril 2016, 16 demandes émanant de la France ont été acceptées.

Le 23 mai, on dénombre 30 demandes de financement d’APC pour publier en Open Access d’organismes français (INSERM pour la plupart) .

Mais aucune demande de l’Inra à ce jour ! Chercheurs Inra, profitez de ce financement et déposez l’article dans ProdInra (qui reversera automatiquement dans OpenAire, l’archive ouverte de la Commission Européenne).

Toutes les statistiques sont disponibles ici.

Ce rapport de l’OCDE de 2015 « Making open science a reality » montre à quel point l’open science permet d’innover et de produire de nouveaux services et produits grâce à la réutilisation des données, la réduction des couts de reproduction des données :

Greater access to scientific inputs and outputs can improve the effectiveness and productivity of the scientific and research system, by: reducing duplication costs in collecting, creating, transferring and reusing data and scientific material; allowing more research from the same data;and multiplying opportunities for domestic and global participation in the research process.

L’Open Science ne se limite pas aux données de la recherche mais englobe l’ensemble des résultats : données brutes, élaborées, publications, logiciels. La condition est de permettre un partage pour libre accès et réutilisation aux communautés scientifiques mais également aux professionnels, aux étudiants, à la société et aux pouvoirs publics.
Pour permettre cette réutilisation, les résultats obtenus doivent être déposés dans un entrepôt et avoir une licence de réutilisation.
Pour cela les creative commons sont adaptés dans le domaine de la recherche. Elles sont reconnues internationalement et en droit français, elles sont largement utilisées.

L’Union Européenne dans son communiqué montre que ce concept est une nouvelle façon de faire de la recherche, à la croisée entre l’innovation, la société et les politiques publiques.

Open Science aims at transforming science through ICT tools, networks and media, to make research more open, global, collaborative, creative and closer to society.

triptiqueDans tous les cas, l’open science est un changement de paradigme qui s’installe au sein des communautés scientifiques, soutenu par l’Union Européenne, l’OCDE et les pays européens dont la France.

 

 

 

 

Axelle Lemaire, Secrétaire  d’État  chargée  du  Numérique, avait lancé en octbre 2015, durant 3 semaines, une vaste consultation auprès de la société civile sur un projet de texte de loi.

Parmi les articles du projet de loi, figure l’article 9 : « Libre accès aux publications scientifiques de la recherche publique ». Parmi les demandes de modification figuraient la réduction de l’embargo, la possibilité de faire du text et data maning (TDM) sur les publications (contribution de l’Inra) ou encore le dépôt obligatoire dans une archive ouverte (proposition de Couperin qui a reçu beaucoup de votes positifs).

Au delà des demandes, que reste t-il ?

open access 6 mois

Lorsque un écrit scientifique, issu d’une activité de recherche financée au moins pour moitié par des fonds publics, est publié dans un périodique, un ouvrage paraissant au moins une fois par an, des actes  de  congrès  ou  de  colloques  ou  des  recueils  de  mélanges, son  auteur,  même  en  cas  de  cession exclusive  à  un  éditeur,  dispose  du
droit  de  mettre  à  disposition  gratuitement  sous  une  forme numérique,  sous  réserve  des  droits  des  éventuels  coauteurs, la version finale  du manuscrit acceptée  pour  publication, au  plus  tard six mois pour  les  sciences,  la  technique  et  la  médecine  et douze mois  pour  les  sciences humaines et sociales, à compter de la date de la première publication, ou au plus tard lorsque l’éditeur met lui-même l’écrit gratuitement à disposition sous une forme numérique

1) réduction de moitié de la durée d’embargo : 6 mois au lieu de 12 mois sauf pour les SHS où la durée d’embargo est de 12 mois au lieu de 24 mois.

2) le dépôt dans les archives ouvertes est autorisé pour les « postprints » (ou final accepted manuscript) si le financement est au moins de moitié sur fonds publics. Reste à convaincre les scientifiques de déposer cette version dans les archives ouvertes.

3) la demande concernant l’autorisation de faire du TDM n’a pas été intégrée.

La création d’une exception au droit d’auteur pour l’analyse de textes et de données à des fins de recherche («text and data    mining»,TDM), qui est nettement soutenue par la communauté scientifique. Le droit européen ne permet pas actuellement de    créer de nouvelles exceptions, et le Gouvernement souhaite que cette question soit abordée dans le cadre des travaux européens en cours
Source : https://www.republique-numerique.fr/media/default/0001/02/da09b380f543bfab2d13da7424cec264dca669c6.pdf

4) le   texte   précise   désormais   également   que   les   données   de   la   recherche  liées  à  cet  écrit  peuvent  être  immédiatement réutilisées,  et  que  leur  circulation  ne  peut  être  freinée  à  l’occasion  de  l’édition.

Les deux modèles économiques (traditionnel et open access) co-existent depuis de nombreuses années et cela a engendré des couts supplémentaires aux organisations de recherche.

La question de savoir quand et comment basculer complètement vers une libre diffusion du savoir devient de plus en plus prégnante.

Dr Falk Reckling de FWF, l’agence de financement de la recherche en Autriche, dans cette présentation au Forum Austria Innovativ « Good practice in academic knowledge and technology transfer », explique que cette transition arrivera avec l’arrivée aux postes de responsabilité de la nouvelle génération de chercheurs.

Open Access will succeed sooner or later but at the latest when the generation of the digital natives come to power in research.
This generation does not only have new technical skills but different approaches to reading and sharing information.
That will change the modes of scholarly communication significantly.
Dr Falk Reckling relie l’avènement de l’open access avec les pratiques de lecture et de diffusion du savoir des ces « digital natives ».
Pour finir la lecture de cette intéressante présentation, un rapport de force est inéluctable entre les agences de financement, les organisations et les éditeurs commerciaux. La transition passera aussi par un regroupement au niveau international des agences et organisations de la recherche ainsi qu’une plus grande (et nécessaire) concurrence dans le secteur de l’édition.

Le conseil national scientifique de l’Inra vient d’adopter une motion sur les publications scientifiques et les dérives liées à l’évaluation.

Le CSN de l’Inra s’inquiète des dérives observées par la communauté scientifique dans les pratiques de publication et de leurs conséquences sur l’évaluation scientifique. Il considère que l’INRA devrait renforcer la démarche initiée pour prendre en compte la qualité scientifique, la diversité des supports et la pertinence sociétale de la recherche. Plus généralement, il s’agit de limiter la prise en compte d’une productivité numérique poussant à toujours plus de publications dans des journaux scientifiques, ce qui dilue le savoir pertinent, favorise les erreurs et les fraudes, et sert d’abord à augmenter les bénéfices des Majors de l’édition privée qui se sont accaparé les publications produites par la recherche publique (voire de sociétés qui prolifèrent dans ce contexte d’inflation des publications). Une telle politique irait dans le sens des préconisations récentes de l’Académie des Sciences qui propose lors de l’évaluation des chercheurs l’envoi de quelques publications clés pour lecture par les commissions, et qui pourrait contribuer à la dénonciation, au niveau international, de l’utilisation du facteur d’impact des journaux pour l’évaluation de la recherche. En outre, l’INRA pourrait renforcer son rôle de proposition dans la mise en place d’un service public d’édition scientifique innovant en accès libre, tout en s’associant au mouvement des différentes institutions de recherches en France et à l’étranger afin de faire pression sur les éditeurs privés pour réduire les coûts injustifiés des abonnements. Enfin, l’INRA devrait renforcer les moyens humains, organisationnels et matériels nécessaires pour que son service d’Information Scientifique et Technique (IST) puisse assurer plus efficacement sa mission prioritaire au service de la recherche, des personnels de l’INRA et du grand public.

Source : http://www.inra.cgt.fr/actualites/messages/27mai14.htm

Plusieurs propositions intéressantes qui vont dans le sens des arguments en faveur de l’open access

  • coût des abonnements trop élevé
  • se réapproprier l’édition scientifique

Ce qui est dénoncé :

  • arrêter la course à la publication qui augmente les fraudes et dilue la savoir
  • l’utilisation du facteur d’impact pour les évaluations

A l’INRA, la prise en compte de tous les types de productions et pas uniquement les productions académiques est un enjeu important car les recherches de l’Inra sont multiples, à la fois fondamentales et tournées vers des problématiques sociétales. La mission de transfert des connaissances vers l’enseignement et les professionnels est importante. C’est pourquoi depuis de nombreuses années, la direction à l’évaluation propose une fiche d’activité pour les évaluations individuelles qui prend en compte cette notion de transfert de connaissances et d’expertise. L’INRA a été également moteur dans la réalisation de la grille Erefin utilisable pour les évaluations des unités.